Coup de tonnerre dans le Landerneau de la junk food maritime ! Après du cheval trouvé dans des lasagnes, nos rechercheurs auraient analysé des résidus de pingouin dans le surimi d’une grande marque. Un scandale alimentaire mettant à mal, une fois de plus, la réputation de l’industrie agro-alimentaire et des produits transformés.
C’est à 7h45 ce matin que nous reçûmes ce coup de fil troublant : voix trafiquée, souffle haletant, ton pressant, pas de course, coups de feux.
« J’ai des informations compromettantes à vous transmettre, le temps m’est compté, je dois absolument vous voir devant le Auchan sur la bretelle 122 près de Rungis, dans une heure, je porterai un ciré jaune et des bottes ».
Courses (poursuite) à Auchan
Arrivés à l’heure prévue, nous n’eûmes pas le loisir de nous restaurer au Macdonald de la ZAC locale, car c’est un homme au pas de course que nous vîmes affublé d’un manteau jaune et de grotesques bottes rouges. Il portait un sac en toile dégoulinant d’un liquide inconnu, et se rua vers nous alors qu’un SUV aux vitres teintées le poursuivait tel le léviathan ouvrant sa gueule.
Je procédai à un dérapage controlé, alors qu’Aldbedo ouvrit la porte afin que notre informateur se jeta sur la banquette arrière. Ni une ni deux, nos pneus crissèrent et ce fut une longue et dangereuse course poursuite qui débuta. Je ne détaillerai pas ici ces péripéties, mais nous en sortîmes indemnes, au prix d’abondantes sueurs froides et de la destruction complète de notre véhicule.
Complote de Surimi
Bien en sécurité dans notre laboratoire secret, ce mystérieux lanceur d’alerte jeta le sac mou et dégoulinant sur la table opératoire.
« Voici la preuve du crime ».
Nous l’ouvrîmes, et une odeur intolérable se dégagea d’une mixture orange et blanche.
« Voici les déchets de l’usine XXXXX qui produit du Surimi près du havre. Je travaille pour eux. Il y a deux mois la direction nous avait informé d’une chute d’approvisionnement de déchet piscicoles (notre ressource première pour la fabrication de surimi), en effet, la demande excédant les stocks réduits de la pêche, notre production commençait à battre de l’aile. »
« Un jour, des camions entiers venant du Groenland déversèrent leur cargaison dans la broyeuse. Je ne me posais pas de questions, jusqu’au jour où je surpris une discussion au téléphone de notre directeur de production : il parlait de pingouins, d’hécatombe, et ses yeux s’illuminaient de dollars »
Pingu Surimi
Nos regards se croisèrent, nous avions compris de quoi il s’agissait. Nos doutes furent définitivement dissipés quand l’informateur plongea sa main rageuse dans cet amas informe et nauséabond. Extirpant d’un trait sa trouvaille, éjectant les infâmes miettes de surimi avariés sur nos visages, il brandit l’aileron rongé par la pourriture d’un adorable pingouin. Nous avions le souffle coupé avant que nos ventres se libèrent de notre déjeuné d’hier : du surimi cocktail à la sauce américaine.