Coup de tonnerre dans le landerneau politico-médiatique, Hanouna serait en mesure de se présenter aux élections présidentielles. Si la nouvelle n’est pas avérée, elle a susciter de nombreux commentaires et des réactions mitigées dans la classe politique. MPR a suivi pour vous l’effroyable advenue de la politique virale.
Quand je regarde la télé, entre deux chaînes pornos et un reportage sur les hirondelles de Sumatra, j’aime m’enfoncer dans la débilité profonde de la télé-poubelle et contempler, rêveur, la perfection de l’idiotie. Cela assouvit ma pulsion scopique. J’en ressors rassasié et tout ragaillardi par la certitude rassurante qu’il y a plus crétin que moi.
C’est comme ça que j’ai assisté à la candidature de Cyril Hanouna aux élections présidentielles. Comme d’autres ont vu venir le 11 septembre en levant les yeux au ciel dans un beau matin new-yorkais. Par pur hasard.
Par pur hasard, j’ai vu Jean-Luc Lemoine, le sniper impavide de TPMP, diffuser ce vendredi, dans ses questions en 4/3 quelques images en off où le taulier du PAF révèle à son équipe que 500 de ses fans sont des maires de petites communes et sont prêts à le soutenir pour une candidature à la présidence de la République. Face à l’étonnement hilare d’Enora Malagré et à l’incrédulité pâmée de Mathieu Delormeau, Baba enfonce le clou et déclare à ses chroniqueurs:
Je vais pouvoir montrer mon zizi à Delahousse.
Retour sur plateau. Toute l’équipe est maintenue dans cette adoration estomaquée qu’ils doivent au Grand Prodigue qui les élevés jusqu’à cet endroit. Baba fanfaronne, en fait des caisses, mais il ne dit pas un mot. Il y a bien des sons, mais rien qui appartienne au langage articulé.
L’amuseur public numéro 1 sait y faire. La foule n’aime pas le vide et Baba le sait. Il laisse enfler les applaudissements et ne les commente pas, alors même qu’il les soutient du geste.
Une stature présidentielle? D’autres hommes d’états ont su, avant lui, jouer du silence. Le public se met à scander « Baba président! » et tout l’équipe, caméraman compris, entame une grande chenille sur le plateau. 
Le buzz
Aussitôt relayée sur les réseaux sociaux, la nouvelle a eu l’effet d’une onde de choc. Sur le plateau, retour au calme après un quart d’heure d’hystérie comportementale et de pur délire, la nouvelle unité de mesure de la joie de vivre.
Baba apaise enfin le public et daigne reprendre la parole autrement qu’en criant.
Il promet à ses téléspectateurs de passer à l’acter de se présenter si le hashtag #babaprésident dépasse les 100 000 tweets. Il reste 40 minutes d’émission. Cela fait 2500 tweets par minute. Compte tenu des audiences la chose est mathématiquement possible.
Le score est explosé en un quart d’heure. Reflux d’hystérie comportementale. Coup de grâce: parmi ces fameuses petites beautées qui font la force de Baba, un maire exécute une danse des sardines impeccable en string sur periscope. Evénement bien entendu rediffusé sur le grand écran découpé en trois par trois du plateau.
L’émission finit dans une apothéose…
La confirmation
Dès le lendemain, dans la matinale d’Europe 1, l’animateur confirme son engagement. Ne pouvant ignorer l’ampleur du phénomène Baba, certaines personnalités politiques se sont senties tenues de donner un avis sur la question. Pour Henri de Lesquen, le constat est clair:
C’est une infiltration sémite de la frénésie congoïde.
François Asselineau et l’ensemble de l’UPR y voient la main de la CIA. Benoît Hamon a rigolé, François Fillon s’excuse et François Hollande a confondu Hanouna avec Arthur. On est sans nouvelles de Robert Ménard.
Jean-Pierre Raffarin, quant à lui, a consenti à se fendre d’un aphorisme
Ce n’est pas au sommet de la vague, mais en son creux, qu’on reconnaît le capitaine.
Baba a balayé ces remarques d’un revers de la main et maintenu sa candidature, à condition que les 500 maires se manifestent réellement. Il a aussi ébauché les grandes lignes de son programme: bizutages des chefs de cabinets, tirage au sort des ministres par envoi de texto, leur poids en médicaments offerts à tout les malades, un voyage à Ibiza offert aux dix français les plus pauvres de France, TVA négative sur les coussins péteurs.
Quelle qu’en soit l’issue, le sort de notre pays est temporairement entre les mains des petites beautés. Notre société jouerait-elle à se faire peur? Alors qu’une ancienne vedette de la téléréalité vient d’être élue à la Maison Blanche, la candidature de Cyril Hanouna ne parait plus si excentrique. Lui-même semble le savoir et s’en amuser. Mais nul ne sait ce qui se passe quand le bouffon du roi devient le roi. Il y a fort à parier qu’il est sincère lorsqu’il affirme:
Je serais le président du public.
Mais il y a fort à parier aussi qu’il ne sait pas ce que cela veut dire.
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