Dans le dernier épisode de « Mon tendre complot… » : De retour à son appartement parisien, Julian, dont les pouvoirs reptiliens se sont évanouis, fait le point sur l’enquête et se questionne sur les intentions cachées des reptiles. Après de longues heures passées sur Facebook et notamment sur un groupe traitant des multi-cuiseurs Cookéo, il tombe sur la page d’obscures lanceurs d’alertes : « Mes Propres Recherches ». L’un d’eux porte le même nom de famille que Zargo Riviera, le chef incontesté des illuminati. En route pour rencontrer ces journalistes de l’extrême, il tombe nez à nez sur un clone de Semaphoros l’invitant à une réception dans un hôtel particulier.
Julian arriva à l’adresse indiquée : « La mécanique ondulatoire ». Ce simple bar/salle de concert rock était vide à cette heure. Le barman bariolé de tatouages semblait s’ennuyer sur son téléphone en attendant les prochaines commandes. Similaire à tous ces bars parisiens qui accueillent chaque weekend des flots d’adolescents arrogants et avinés, les murs étaient mal peints et recouverts d’inscriptions et affiches délavées. Pas un seul meuble ne portait autre chose que la signature olfactive d’hectolitres de bières de basse qualité et les faibles sources de lumière, comme des torches médiévales, plongeaient dans l’ombre le sol et les recoins à l’hygiène douteuse.
Un coup d’oeil suffit pour reconnaitre son contact, le seul consommateur présent sur les lieux portant de surcroit un chapeau blanc comme indiqué dans le MP de MPR.
Il s’approcha de lui et fut frappé par l’ensemble de sa physionomie : il avait en face de lui un homme de taille moyenne et de mince allure affublé d’un costume blanc, de chaussures de golfes et de lunettes noires. Sa peau blafarde était celle d’un homme au delà de la soixantaine mais bien conservé et ses cheveux étaient teints en noir. Quand à son visage il était long et peu mobile séparé en deux par un nez fin et aquilin. Sa bouche comme un trait découpé dans un masque, grimaçait presque naturellement. Il avait un bouton de rose artificielle accroché à sa veste, et sa main lente apportait à ses lêvres une tasse de thé dont il huma le parfum avant de prendre une courte gorgée.
L’homme ne semblait pas l’avoir remarqué, comme accaparé par quelque rêverie. Quand il s’assit en face de lui, il découvrit une canne blanche et soudain comprit.
– Hum hum… Je suis Julian
– J’ai senti votre arrivée. Vous buvez du Tchaï ? Julian entendit chez cet homme, comme un léger accent britannique.
– J’aurais fort besoin d’une remontant pour être tout à fait sincère.
Le barman lui apporta un Scotch qu’il enfourna d’un cul sec dans le fond de la gorge.
– Vous m’avez l’air fort tendu Julian.
– Commencez par me donner votre nom, lui rétorqua Julian grimaçant, la gorge encore serrée par l’intense chaleur de l’alcool.
– Je m’appelle Luke, Luke Rony.
Tchaï Pantin
Luke Rony s’adressa alors à Julian sur un ton doux et placide :
« Julian, maintenant écoutez moi et ne m’interrompez sous aucun prétexte. Je vais vous parler et exposer un certain nombre de choses. A la fin de mon discours, je quitterai cette table et vous devrez commandez un lait fraise, le boire et sortir de la « mécanique ondulatoire » 13 minutes précisément après mon départ. Soyez attentif, nos vies en dépendent. »
« Comme vous l’avez remarqué, nous sommes un groupe de chercheurs de vérité très actif. Nous officions sur un site internet aux apparences satiriques afin de n’éveiller aucun soupçon auprès du Nouvel Ordre Mondial. Fort heureusement seuls les vrais sachent et notre outil de réinformation fonctionne à merveille. Notre réseaux de milliers d’informateurs anonymes nous fournissent chaque jour des informations capitales que nous diffusions sur cette plateforme. »
« Julian, vous n’êtes pas inconnu de nos services. Des images ont fuité depuis Mar-a-lago et nous avons pu mettre la main dessus avant que l’intelligence médiatique ne les supprime. Nous avons compris que vous étiez sous l’emprise des reptiliens aux vues des fantastiques capacités physiques mises en évidences par ces vidéos. Notre outil de reconnaissance faciale nous a permis de retrouver votre trace et votre travail de chercheur. Nous vous considérons des nôtres, mais nous nous méfions : qui sait entre quelles mains vous êtes passé et par quel chantage ou pression vous êtes tenu de les servir »
Julian tenta de l’interrompre mais Luke l’arrêta d’un signe de main sec
« C’est pour garder notre confidentialité et notre intégrité physique intacte que nous nous gardons à distance de vous. W.Riviera que vous avez contacté directement, a emprunté un pseudonyme pour plus de sécurité. Vous le trouverez dorénavant sous le nom d’Alain Bashing. Cependant, vous courrez un grand danger et nous sommes disposés à vous aider. Contactez-nous par messagerie seulement en cas d’urgence, nous avons les possibilités d’intervenir. Je vais maintenant partir, mais nous nous reverrons, soyez-en assuré ».
Luke Rony prit sa canne et se leva de façon élégante en boutonnant le bas de sa veste. Il laissa un billet sur la table et sortit. Quand l’addition parvint à Julian avec le lait fraise, le billet servit la note avec exactitude.
Hôtel et particules
Julian parcourrait les rues de Paris. Il ne se sentait pas exactement dans son assiette compte tenu de la forte charge d’aventure que son esprit devait encore digérer. Marcher dans Paris à travers les rues anciennes du marais, les parcs des buttes Chaumont et les quais du canal de l’Ourq était pour lui un moyen de s’offrir un moment de répit.
Il entra chez lui pour se vider la tête sous une douche tiède. Il mit un smoking et se rasa puis sortit après un bon diner au restaurant en bas de chez lui en direction de l’hôtel particulier situé dans le 8e arrondissement indiqué par Semaphoros.
Il savait inutile de porter sur lui une arme. Il n’avait aucune raison de se sentir en danger, si Semaphoros avait voulu l’éliminer, cela aurait été fait simplement dans son salon lors de sa dernière visite.
A l’entrée, deux sbires aux lunettes noires et aux épaules larges le fouillèrent minutieusement. Il entendit la rumeur d’une fête au delà du rideau pourpre et lourd qui séparait le hall d’une salle qui se tenait sous l’arc de deux escaliers de marbres.
Le rideau soulevé, s’étala devant lui une salle immense carrelée de blanc et noire et foulée par de nombreux convives éparses et richement vêtus. A divers endroits, des statues blanches et antiques révélaient leurs forment sous les éclairs des flashs stroboscopiques. Une musique acide-house sombre et planante mouvait les corps des convives comme s’ils furent des pantomimes en transe.
Alors qu’il s’approchait du centre de la pièce dans ce qui semblait pour lui être un parcours onirique, il tomba nez à nez avec de nombreuses versions de Semaphoros et ceci lui glaça le sang : Semaphoros en professeur d’université à barbe et veste brune, Sémaphoros en jeune hypster (mais à la peau toujours aussi ridée et les yeux tout aussi enfoncés derrière ses lunettes à fine monture), Semaphoros travesti en une sorte d’imitation de Bernadette Chirac ricanant à son passage… Cette dernière image lui donna la nausée.
A mesure qu’il s’approcha du centre, il vit sur un promontoire un homme assis sur un trône, dont la moitié du corps se trouva plongé dans l’obscurité. On ne vit que ses mains caressant sur ses genoux, un bébé endormi.
« Zargo Riviera ! » Cria Julian en son Fort Intérieur.
A sa droite, en contre-bas, Pamela était présente, en robe de soirée, deux boucles d’oreilles en forme de flocons constellés de diamants. Elle lui tenait la main et souriait en lui racontant quelque histoire qui semblait les amuser tous deux.
En un instant la salle se trouva en pleine lumière et la musique cessa.
Les convives s’écartèrent, comme assommés ou drogués, ils glissèrent sur les côtés, la démarche fantomatique, s’emparant de verres à champagnes et attendant nonchalamment la suite des événements.
« Julian ! Mon ami, soit le bienvenu parmi nous! »
Pamela posa son regard sur Julian et Julian fixa pamela le regard fiévreux. Pamela avait soudainement la moue des jours tristes. Zargo se leva et donna le bébé à Pamela qui le passa à son tour à un domestique.
Alors qu’il descendait et que son corps se livra progressivement à la lumière, il entama ce discours :
« Julian, peu de profanes dans l’histoire n’osèrent et surtout ne réussirent à accomplir tous les hauts faits que tu as toi même achevé et pour cela nous te félicitons »
Il applaudit de ses deux mains, assez mollement somme toute et la salle comme un seul corps l’imita de cette façon.
« Ton acharnement à découvrir la vérité sur ce monde fait de toi un être exceptionnel. Je me suis dit alors tout simplement, quelle chose cet homme ne pourrait accomplir ? Il faut donner sa chance au talent, il faut encourager les initiatives, il faut investir dans les promesses que la jeunesse renouvelle chaque jour. C’est pour cela que je te propose un pacte : rejoins nous Julian et outre l’absence de toute poursuite à ton encontre, nous t’offrirons un pouvoir absolu, illimité, et des réponses à toutes les questions que tu te poses ».
Julian n’écoutait que distraitement les paroles de Zargo, captivé par la découverte progressive de son visage.
« Qu’en penses-tu Julian ? »
A ces mots, c’est une véritable vision d’horreur qui frappa Julian. La silhouette longiligne de Zargo, son costume noir à col Mao, son triangle d’or accroché à la poitrine, ses mains fines de pianiste, tout ceci ne cadrait pas avec son visage, car Zargo Riviera portait le visage… D’UN CHAT !
« Car Julian si tu refuses, saches que je reste très joueur… le jeu est dans ma nature »
Sur cette dernière phrase, Zargo découvrit une rangée de dents pointus sous un sourire carnassier et ses yeux verts reflétèrent en cet instant toute la cruauté de son âme.
JULIAN SE LAISSERA-T-IL TENTÉ PAR LA PROPOSITION DE ZARGO RIVIERA ? SA FAIM DE VERITÉ ET DE SACHOIR LE FERONT-IL RENONCER A TOUS SES VEUX DE LUTTE CONTRE LE NOUVEL ORDRE MONDIAL ? SI ZARGO RIVIERA EST UN CHAT HUMANOIDE, POSSÈDE-T-IL UN PENIS FELIN QUI FAIT DE CHACUNE DE SES PARTIES DE JAMBE EN L’AIR UN SUPPLICE INSOUTENABLE ?
VOUS LE SAUREZ DANS LE PROCHAIN ÉPISODE DE…